La protéine est l’ingrédient le plus onéreux dans les rations laitières représentant 42 % des coûts d’alimentation. À leur tour, les coûts d’alimentation représentaient 33 % (24,30 $) des 73,50 $ payés par hl de lait québécois en 2016. Cependant, plus de 70 % de cet investissement est excrété dans les déjections azotées sous forme de fèces et d’urine, non valorisé en protéines laitières, ce qui apporte une problématique dont le consommateur prend de plus en plus conscience : la pollution potentielle de l’environnement liée aux ruminants. L’azote (N) excrété pollue les nappes phréatiques (eutrophisation et nitrates), augmente la production de protoxyde d’N (gaz à effet de serre) et forme des particules atmosphériques (néfastes pour les poumons).
L’N est le constituant de base des acides aminés (AA) étant les éléments primaires des protéines. Rationner des vaches en considérant seulement la protéine brute ou métabolisable, sans tenir compte des AA, freine l’optimisation du coût de l’alimentation et la performance zootechnique. L’amélioration de l’efficacité de l’utilisation d’N par les ruminants et la réduction des émissions d’N dans l’environnement pourraient être obtenues par une offre alimentaire protéique réduite, mais mieux équilibrée en AA. Ainsi, un meilleur équilibre en AA permettrait de réduire l’ingestion d’N et les coûts de la ration sans affecter négativement la productivité animale. Une étude de l’Université Laval a démontré que réduire les protéines de 17,4 à 15,9 % aurait des avantages financiers. Le bénéfice d’un éleveur pourrait être augmenté de 0,58 $/hl de lait. En considérant une production de 30 l/vache/j, le gain s’évalue à 0,174 $ vache/j ou 53 $ vache/an (305 jours de lactation). Pour un troupeau québécois de 66 vaches, les gains seraient de 3 498 $/an/ferme. En projetant ces gains sur près de la moitié des fermes au Québec (environ 3 000), le bénéfice augmenterait de 10,5 M$/an, et ce, sans investissement. Les connaissances académiques sont aujourd’hui suffisamment solides pour inciter la filière laitière à réduire l’N des rations des vaches en équilibrant les AA. Or, il s’avère que peu d’industriels et d’éleveurs au Québec profitent de cette stratégie gagnante d’un point de vue économique, sanitaire et environnemental. Il devient donc impératif de démontrer, par un projet à long terme sur des fermes commerciales, que diminuer la quantité en améliorant la qualité de l’N des rations est rentable.
Ce projet propose : I) Phase d’identification des pratiques d’alimentation et de régie du troupeau sur 12 fermes commerciales équipées avec des robots d’alimentation; II) Phase d’essais sur le terrain comparant une ration témoin vs une ration test en modifiant les rations laitières des 12 fermes de façon à optimiser les apports d’N et de mesurer l’effet de ces changements. L’objectif de ce projet est de développer des stratégies alimentaires applicables à la ferme permettant une meilleure efficacité d’utilisation de l’azote.